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Monitoring de la pauvreté : premier rapport

En juin 2020, le Parlement adoptait la motion 19.3953 de la Commission de la science, de l’éducation et de la culture du Conseil des États (CSEC-E). Celle-ci chargeait le Conseil fédéral de mettre en place un monitoring régulier de la pauvreté en Suisse, avec pour tâches principales d’observer l’évolution de la pauvreté, de dresser l’inventaire des acteurs et des mesures ainsi que de présenter de manière systématique l’état de la recherche.

Les premiers résultats – qui seront publiés tous les cinq ans – ont paru fin novembre 2025, sous la forme d’un rapport élaboré par l’Office fédéral des assurances sociales (OFAS) en collaboration avec l’Office fédéral de la statistique (OFS). Ce rapport est composé de quatre cahiers : une vue d’ensemble et trois cahiers thématiques, consacrés à la formation, à l’activité professionnelle et à la couverture des besoins vitaux. Il sont accompagnés d’un document plus court qui synthétise et vulgarise les résultats.

Pas de diminution du taux de pauvreté

Le taux de pauvreté liée au revenu a augmenté en Suisse entre 2014 et 2017, puis est resté stable entre 8 et 9%. En 2023, 8,1% de la population résidente permanente vivait dans un ménage dont le revenu (prestations sociales comprises) ne suffisait pas à couvrir le minimum vital. L’objectif de réduction de la pauvreté, fixé par la Stratégie pour le développement durable 2030 et par le programme de législature du Conseil fédéral, n’est donc pas atteint.

Le rapport montre également qu’un nombre important de personnes vivent juste au-dessus du seuil de pauvreté. En effet, si le minimum vital social était relevé de 500 francs par mois, le taux de pauvreté doublerait. Ce sont les ménages avec enfants qui, en particulier, vivent le plus souvent à proximité du minimum vital social. En outre, la pauvreté est souvent récurrente : près de la moitié des personnes qui sortent de la pauvreté y sont à nouveau confrontées dans les cinq années qui suivent.

Enfin, les analyses montrent qu’il existe un lien entre une situation financière défavorable dans le foyer parental et les expériences de privation à l’âge adulte, ce qui tend à confirmer l’existence d’une transmission intergénérationnelle de la pauvreté.

L’origine sociale et son influence sur le niveau de formation

La formation a un impact important sur les perspectives d’emploi : 9,6% des personnes de 25 à 64 ans sans formation postobligatoire sont touchées par la pauvreté. Pour l’ensemble de la population de la même tranche d’âge, ce taux est de seulement 6,6%.

Là aussi, l’origine sociale joue un rôle déterminant. En effet, les statistiques montrent qu’un lien clair existe entre les ressources financières d’un ménage et les résultats scolaires des enfants qui y vivent. En particulier, les enfants issus de familles à l’aide sociale sont trois fois plus nombreux à ne pas obtenir de diplôme postobligatoire et trois fois moins nombreux à obtenir une maturité gymnasiale que ceux qui ont grandi dans un ménage n’ayant pas besoin de cette aide. Le rapport évoque différentes pistes pour améliorer la situation tant au niveau de la petite enfance que la scolarité obligatoire et de la formation postobligatoire.

L’activité professionnelle : le principal facteur de protection

Selon le rapport, l’activité professionnelle est le principal facteur de protection contre la pauvreté, surtout si elle est exercée durant toute l’année et dans des conditions de travail classiques. Néanmoins, en 2023, 168’000 personnes entre 18 et 64 ans étaient touchées par la pauvreté alors même qu’elles travaillaient. En comptant les membres de leur ménage, cela signifie que 300’000 personnes (dont 78’000 enfants) vivaient dans un ménage concerné par la pauvreté laborieuse.

Ce sont en particulier les personnes qui occupent un emploi dit atypique (contrat à durée déterminée, temps partiel, travail sur appel) ou qui sont employées dans des secteurs à faible rémunération qui sont particulièrement susceptibles de faire l’expérience de la pauvreté.

Le rôle essentiel de la sécurité sociale

Lorsqu’on parle de sécurité sociale en Suisse, on fait référence d’un coté aux assurances sociales et de l’autre aux prestations sociales sous condition de ressources. Dans l’ensemble, ces prestations sociales font baisser le taux de pauvreté (en termes de revenu) des personnes en âge de travailler et de leurs enfants de 16% à 6%. Cette diminution est attribuable pour environ deux tiers aux assurances sociales.

Environ 3% de la population reçoit une aide sociale économique, une part globalement stable depuis le milieu des années 2000. Le rapport souligne encore qu’entre 20 et 40% des personnes ayant droit à des prestations sous condition de ressources n’y font pas appel (non-recours).

Dans le domaine des prestations sous conditions de ressource, le monitoring identifie quatre défis principaux : le non-recours aux prestations sociales, l’effet des sanctions, l’intégration sociale et l’égalité/l’équité de la fourniture des prestations.

Ces résultats serviront de bases pour la stratégie nationale de lutte contre la pauvreté, qui sera élaborée en réponse à la motion 23.4450. Le deuxième rapport est prévu pour 2030.

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