La crise actuelle de l’Etat social est avant tout l’expression d’un enjeu de redéfinition des principes de la solidarité. La crise persistante de l’emploi induit une tendance lourde, celle de la substitution progressive du principe assurantiel, fondé sur la prévention/réparation du risque de l’incapacité à travailler, par le principe assistantiel attribuant un soutien financier à ceux qui, pénalisés par le sort ou désavantagés par l’Histoire, ne peuvent subvenir par eux-mêmes à leur propre existence. Mais se pose en conséquence la question des fondements en raison et des principes de fonctionnement de cette solidarité renouvelée. La multitude d’articles et d’ouvrages sur la crise et le devenir de l’État-providence, sur le partage du travail et l’avenir du salariat, sur le rôle de l’État et le redéploiement des politiques sociales, sur l’effritement du lien social et la refondation d’un nouveau contrat social ou bien encore sur la restructuration des protections sociales et sur la recherche d’une alternative à la sécurité sociale illustre clairement le désarroi devant lequel se trouvent les sociétés occidentales contemporaines. Nous assistons à un chambardement d’ensemble de la solidarité, à une grande transformation de ce qui était au principe de la pérennité et de la dynamique des sociétés démocratiques.
Le sens des politiques sociales a dès lors profondément changé : il ne s’agit plus de développer la protection des individus mais d’encourager à reprendre place dans la société (si possible sur le marché du travail).