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Prestations transitoires : des conditions d’octroi restrictives limitent sa portée

L’OFAS a récemment publié un rapport d’évaluation intermédiaire sur les prestations transitoires (Ptra) pour les années 2021 et 2022. Pour rappel, en 2020, le Parlement avait adopté cette nouvelle prestation sociale qui vise à empêcher que les personnes arrivant en fin de droits de l’assurance-chômage à 60 ans ou plus ne soient contraintes de recourir à l’aide sociale – ou d’épuiser leurs économies – avant la retraite[2]. Les Ptra sont des prestations sous condition de ressource, qui interviennent lorsque la personne ou le couple ne peuvent plus couvrir leurs besoins vitaux par leurs propres moyens financiers. Elles sont calculées de la même manière que les prestations complémentaires et sont soumise à certaines conditions, notamment :

  • Arriver en fin de droits à l’assurance-chômage à 60 ans ou plus tard ;
  • Avoir été assuré-e à l’AVS pendant au moins 20 ans, dont au moins cinq ans après 50 ans et avoir réalisé un revenu annuel d’au moins 75% du montant maximal de la rente de vieillesse ou fait valoir des bonifications pour tâches d’assistance ou pour tâches éducatives.
  • Avoir une fortune nette inférieur à la moitié des seuils fixés dans la Loi sur les prestations complémentaires[3].

L’évaluation de l’OFAS se base sur les chiffres de 2021 et 2022, elle doit donc être considérée avec prudence, les mesures Covid ayant probablement eu un impact non négligeable (notamment la prolongation du délai-cadre d’indemnisation de l’AC). Elle dresse néanmoins une première image chiffrée de cette nouvelle prestation sociale.

Au total, durant la période concernée, 5519 personnes de 60 ans et plus sont arrivées en fin de droits. Parmi elles, 671 ont bénéficié de Ptra, soit 12%. 759 ont fait une demande de Ptra qui a été refusée (14%). Par ailleurs, 296 demandes ont été refusées pour des personnes ne correspondant pas au public cible (personnes ayant moins de 60 ans ou n’étant pas en fin de droits). A ce stade, les données font défaut pour savoir pourquoi les 4089 autres personnes arrivées en fin de droits durant cette période n’ont pas déposé de demande (les raisons peuvent être multiples : ne pas répondre aux conditions d’octroi, manque d’information, non-recours pour d’autres raisons, etc.).

Si l’on se penche sur les motifs de refus, on constate que la plupart (28%) sont dus au fait que la personne a moins de 60 ans, a déjà atteint l’âge ordinaire de la retraite, n’a pas perçu d’indemnités journalières de l’AC, n’est pas encore arrivée en fin de droits ou est arrivée en fin de droits avant l’entrée en vigueur de la loi. Néanmoins, un peu plus d’un quart (27%) des refus sont liés à une fortune dépassant le seuil accepté. Par ailleurs, 16% des demandes sont refusées car les conditions de durée minimale d’assurance et de revenu soumis à l’AVS ne sont pas remplies.

Invités à se prononcer sur l’évaluation de l’OFAS, la CDAS et la CSIAS ont salué la création des Ptra qui sont « un complément précieux dans le sécurité sociale ». Toutefois, les deux institutions considèrent que « les conditions d’éligibilités strictes, telles que le seuil de fortune ou la limite d’âge, devraient être assouplies ».

Un prochain rapport paraîtra en 2026.    


[2] https://artias.ch/2020/06/la-rente-pour-chomeurs-et-chomeuses-agees-cest-oui/

[3] Ibid.  

Statistique suisse de l’aide sociale 2022

En 2022, 256’800 personnes en Suisse ont reçu au moins une prestation de l’aide sociale économique, soit 8’300 de moins que l’année précédente. Le taux d’aide sociale, qui correspond à la part des bénéficiaires de l’aide sociale dans l’ensemble de la population résidante permanente, s’est ainsi abaissé de 0,2 point de pourcentage pour s’établir à 2,9%. Depuis l’introduction de cette statistique en 2005, un taux si bas n’a été atteint qu’une seule fois, en 2008. Ce recul s’explique par une nouvelle baisse (-5,9%) du nombre de nouveaux dossiers ouverts dans l’aide sociale et par une augmentation simultanée des dossiers clôturés (+0,9%).

> Autres éclairages sur notre thème Social >> Aide sociale >> Statistiques de l’aide sociale

Révision des rentes de veuves et de veufs : ouverture de la consultation

Le Conseil fédéral met en consultation jusqu’au 29 mars 2024 le projet de révision partielle de la Loi sur l’assurance-vieillesse et survivants visant, sur le principe, à harmoniser les rentes des conjointes et conjoints survivants sur le modèle des rentes de veufs. Les principaux changements :

  • Veufs et veuves, mariées ou non, ne toucheront la rente que jusqu’au 25ème anniversaire de leurs enfants. Des exceptions sont prévues en cas d’enfant adulte en situation de handicap.
  • Les veufs et veuves mariées ou divorcées qui n’ont plus d’enfants à charge auront droit à une rente de survivants durant deux ans.
  • Les rentes de veufs et de veuves âgées de moins de 55 ans et sans enfants à charge seront supprimées dans un délai de deux ans. Les bénéficiaires plus âgés conserveront leur rente (garantie des droits acquis).
  • Les rentiers actuels qui ont plus de 50 ans et qui perçoivent des prestations complémentaires conservent leur rente.

Le projet mis en consultation ressemble, à quelques différences près, à celui annoncé en juillet 2023 (voir notre article, juillet 2023). Il fait suite à la condamnation de la Suisse par la Cour européenne des droits de l’Homme pour discrimination suite à la plainte d’un veuf dont la rente avait été supprimée lorsque son fils cadet était devenu majeur.

Le respect de l’égalité de traitement permet à la Confédération de réaliser des économies d’environ 720 millions de francs dans l’AVS et de quelques 160 millions de francs pour la Confédération.

Voir également : Dossier de Veille arrêt Beeler c. Suisse, nov. 2022

> Pour d’autres d’informations, voir notre rubrique Social >> Assurances sociales >> Assurance-vieillesse et survivants

Baisse ou suppression des prestations complémentaires au 1er janvier 2024 pour de nombreux-ses bénéficiaires

Le 1er janvier 2021 est entrée en vigueur la réforme de la loi fédérale sur les prestations complémentaires (LPC). Cependant, les bénéficiaires pour lesquel-le-s cette réforme aurait entrainé une diminution, voire une suppression de leur prestation complémentaire ont pu bénéficier d’une période transitoire de 3 ans durant laquelle l’ancien droit a continué de leur être appliqué.

Cette période transitoire prenant fin le 31 décembre 2023, des milliers de bénéficiaires de prestations complémentaires ainsi que leur famille verront ainsi leurs revenus diminués, voire supprimés dès le 1er janvier 2024. La caisse cantonale vaudoise de compensation AVS estime que 10% de ses bénéficiaires seront touché-e-s[1], soit une diminution des prestations pour 2’660 personnes et une suppression de ces prestations pour 620 autres[2].  La Caisse de compensation du Canton de Neuchâtel estime, quant à elle, que 50% des bénéficiaires de prestations complémentaires pourraient voir leur situation financière se péjorer[3].

Rappelons que la réforme de la Loi sur les prestations complémentaires avait apporté des améliorations, notamment par rapport au montant des loyers, qui ont été globalement réhaussé[4] et la reconnaissance des frais de prise en charge extrafamiliale.

Toutefois, la réforme contenait aussi plusieurs mesures d’économies : parmi ces dernières, citons la baisse du montant alloué aux enfants de moins de onze ans et une prise en compte accrue du salaire du conjoint ou de la conjointe. Par ailleurs, la réforme a introduit un seuil de fortune pour pouvoir bénéficier de la prestation (100’000 francs pour les personnes seules, 200’000 pour les couples mariés, plus 50’000 pour les enfants et les orphelins – l’habitation principale n’est pas prise en compte dans le calcul).

Même si, selon les estimations de la CSIAS[5], seule une minorité des bénéficiaires devront faire appel à l’aide sociale à la suite de la diminution ou à la suppression de leurs prestations complémentaires, il n’en reste pas moins que, dès le 1er janvier 2024, plusieurs milliers de rentiers AVS ou AI ainsi que leur famille verront leur droit aux prestations complémentaires supprimé ou réduit.

Dossiers de l’Artias consacrés à la réforme des PC :

> Pour d’autres éclairage, voir notre rubrique Social >> Assurances sociales >> Assurance vieillesse et survivants >> Prestations complémentaires


[1] https://www.caisseavsvaud.ch/fr/Assurances/PC/Reforme-des-Prestations-complementaires/Reforme-des-Prestations-complementaires.html

[2] https://www.24heures.ch/prestations-complementaires-plus-de-3000-vaudois-toucheront-moins-d-aides-713371546747

[3] https://www.caisseavsne.ch/fr/Assurances/PC-Prestations-complementaires/Fin-de-la-periode-transitoire/Fin-de-la-periode-transitoire-au-31-decembre-2023.html

[4] Voir toutefois la problématique des personnes vivant en colocation : https://artias.ch/artias_veille/reforme-des-prestations-complementaires-loyers-pour-personnes-en-colocation/, 14.12.2023.

[5]https://skos.ch/fileadmin/user_upload/skos_main/public/pdf/Publikationen/Positionen_Kommentare/231121_COMMENTAIRE_revision_des_PC_2021_sur_l-aide_sociale_DEEPL.pdf

Créances d’assurance-maladie impayées : entrées en vigueur des changements législatifs

Lors de sa séance du 22 novembre 2023, le Conseil fédéral a fixé les entrées en vigueur de divers changements législatifs impactant la gestion des primes d’assurance-maladie impayées.

Modifications de la loi fédérale sur l’assurance-maladie (LAMal) :

  1. Dès le 1er janvier 2024, les personnes mineures ne pourront plus être poursuivies pour les primes et les participations aux coûts impayées par leurs parents.
  2. Dès le 1er janvier 2025, les assureurs ne pourront engager que deux procédures de poursuite maximum par année contre la même personne, ceci afin de limiter les dépenses liées aux frais de poursuite.
  3. Dès le 1er juillet 2025, les cantons pourront reprendre les actes de défaut de biens (ADB) des personnes assurées et leur offrir une aide au désendettement. Alors qu’actuellement, les cantons doivent payer 85% des créances à l’assureur sans pouvoir gérer eux-mêmes les ADB, ils pourront à l’avenir se les faire céder en les payant à 90%. Ce changement permettra aux personnes assurées de changer plus rapidement d’assureur et de forme d’assurance afin de bénéficier de primes plus avantageuses.

Modification de la loi fédérale sur la poursuite pour dettes et faillites (LP) :

  • Dès le 1er juillet 2024, les personnes assurées faisant l’objet d’une saisie de revenus auront la possibilité de charger l’office des poursuites de payer leurs primes courantes, cela afin de les aider à sortir de la spirale de l’endettement. Cette mesure, efficace pour réduire le nombre de poursuites, a été testée dans le cadre d’un projet-pilote des offices des poursuites de la Ville de Zurich, présenté dans un dossier du mois Artias.

L’Artias documente la problématique des créances d’assurance-maladie impayées depuis longtemps et a publié une série de dossiers sur le sujet :

Deuxième rapport fribourgeois sur la situation sociale et la pauvreté

Dans le canton de Fribourg, 6’513 personnes se trouvent dans une situation de pauvreté et plus de 25’000 personnes sont à risque de pauvreté. C’est ce que révèle le deuxième rapport fribourgeois sur la situation sociale et la pauvreté. Depuis la première édition datant de 2016, tant le nombre de personnes que le nombre de ménages en situation de pauvreté ont augmenté. Une augmentation qui ne se traduit toutefois pas par une hausse du taux de pauvreté (2,2%), la pauvreté ayant progressé moins fortement que la croissance démographique.

Le rapport présente une vue d’ensemble des principales caractéristiques des personnes et ménages en situation de pauvreté ou à risque de pauvreté dans le canton de Fribourg, confirmant par exemple que l’emploi ne met pas toujours à l’abri de la pauvreté ou que la présence d’enfants dans un ménage constitue un risque de pauvreté en particulier pour les mères. Il aborde également la question de la pauvreté dissimulée et du non-recours, un phénomène en augmentation.

Parallèlement, le Conseil d’Etat du canton de Fribourg a rendu public un rapport sur le remboursement de l’aide sociale qui évalue l’application de l’obligation de remboursement prévu par la loi sur l’aide sociale.

> Pour d’autres éclairages, voir notre rubrique Social >> Pauvreté >> Lutte contre la pauvreté

Indépendant-e-s : l’Etat et les faîtières s’allient contre le surendettement

Vers quels services peuvent se tourner les personnes indépendantes qui font face à des difficultés financières ?

Souvent, le service d’une fiduciaire apparaît trop onéreux. Quant aux services de gestion de dettes et de désendettement non-lucratifs, gratuits pour les consultants, ils n’offrent pas de prestations spécifiquement dédiées aux personnes indépendantes et aux petites entreprises.

Le Canton de Neuchâtel avec la Chambre neuchâteloise du commerce et de l’industrie (CNCI), l’union neuchâteloise des arts et métiers (UNAM) et la haute école de gestion ont créé une plateforme visant à combler cette lacune.

Le site www.independants-surendettement.ch s’adresse spécifiquement aux personnes indépendantes et aux petites entreprises qui font face à des difficultés financières ou au surendettement. Par le biais de la plateforme, les indépendant-e-s qui le souhaitent peuvent avoir un conseil personnalisé et gratuit de 45 minutes avec une fiduciaire neuchâteloise.

Par ailleurs, le site contient un cours en ligne et de nombreux liens.  

Aide sociale dans des villes suisses : comparaison des indicateurs 2022

Chaque année, des villes membres de l’Initiative des villes pour la politique sociale relèvent et comparent certains indicateurs de l’aide sociale. Effectuée sur la base de données compilées par l’Office fédéral de la statistique, cette comparaison permet de documenter les développements de l’aide sociale de 14 villes accueillant environ un quart des bénéficiaires enregistrés en Suisse : Bâle, Berne, Bienne, Coire, Lausanne, Lucerne, Saint-Gall, Schaffhouse, Schlieren, Uster, Wädenswil, Winterthur, Zoug et Zurich.

Taux d’aide sociale : tendance à la baisse

En 2022, le taux d’aide social, qui mesure le rapport entre le nombre de bénéficiaires de l’aide sociale et la population résidente, est resté stable ou a baissé dans dix villes sur les 14 impliquées dans l’étude. Il a augmenté seulement dans 4 villes (Lucerne, Saint-Gall, Schaffhouse et Zoug).

En moyenne, le nombre total de dossiers à l’aide sociale a diminué de 2,6%. Quant au nombre moyen de nouveaux dossiers, il marque un net recul de -11,1% par rapport aux trois années précédentes.

Les réfugié-e-s à l’aide sociale exercent souvent un emploi

Chaque année, un chapitre du rapport est consacré à une thématique spécifique. Il porte cette année sur les réfugié-e-s à l’aide sociale. Les villes – et en particulier les grandes villes – accueillent davantage de personnes réfugiées et admises à titre provisoire par rapport à leur population que la moyenne au niveau de leur canton. Elles sont ainsi des actrices essentielles sur le plan de l’intégration.

Sur la base des données actuelles, l’équipe de recherche constate que les personnes réfugiées qui bénéficient de l’aide sociale exercent plus souvent un emploi que les autres bénéficiaires de l’aide sociale. En effet, 36% des personnes réfugiées adultes inscrites à l’aide sociale ont un emploi, tandis que le taux d’emploi chez les autres bénéficiaires de l’aide sociale est de 23%.

Comme solution possible pour que les réfugié-e-s qui ont un emploi n’aient pas besoin de recourir à l’aide sociale, le rapport évoque « l’accès à des salaires corrects et suffisants pour vivre (…), en particulier en permettant d’investir dans une formation ou en réduisant les obstacles à la reconnaissance des diplômes étrangers. »[1]

> Autres éclairages sous notre rubrique Social >> Aide sociale >> Statistiques de l’aide sociale


[1] Aide sociale dans des villes suisses, comparaison des indicateurs 2022, p. 64

Le Conseil fédéral favorable à la prise en compte des impôts dans le calcul du minimum vital des poursuites

Dans un rapport publié le 1er novembre 2023 en réponse au postulat Gutjahr 18.4263, le Conseil fédéral se déclare favorable au principe de la prise en compte des impôts dans le calcul du minimum vital au sens du droit des poursuites.

Actuellement, selon la jurisprudence du Tribunal fédéral, les créances fiscales ne font pas partie de la part du revenu du débiteur considérée comme étant indispensable à son entretien (montant de base auquel s’ajoutent le loyer, les primes d’assurance-maladie, les frais professionnels, etc.), et donc non saisissable. Pourtant, la charge fiscale étant une obligation à laquelle le débiteur ne peut pas se soustraire, sa non prise en compte dans le minimum vital conduit au surendettement. 

Le Conseil fédéral propose différentes options pour répondre à cette problématique, qui garantissent toutes que le montant affecté aux impôts servira effectivement à leur paiement.

Il revient désormais au Parlement de formuler un mandat clair au Conseil fédéral afin d’adapter la législation.

> Pour d’autres éclairages, voir notre rubrique Social >> Pauvreté >> Endettement>>Procédure de poursuite

L’encouragement linguistique précoce relève du droit à un enseignement de base. Il doit être gratuit et accessible.

Le Tribunal fédéral s’est penché récemment[1] sur un recours concernant l’article 41c de la Loi sur l’instruction publique[2] du canton de Thurgovie.

En 2022, le législateur de ce canton a adopté une modification de loi qui prévoit un encouragement linguistique précoce à partir de l’âge de trois ans. Destinée aux enfants qui en présentent le besoin, cette prestation est obligatoire. Les parents sont tenus de participer à la procédure d’établissement du besoin d’encouragement linguistique, d’accompagner l’enfant au lieu où la prestation est dispensée et de payer une contribution en fonction du revenu. Les parents dans le besoin sont exemptés du paiement. S’ils ne coopèrent pas, la loi prévoit une procédure d’amende.

Trois personnes forment un recours en matière de droit public contre les nouvelles dispositions. Elles demandent l’abrogation de l’article 41c al. 2 et 3 de la loi, en faisant notamment valoir que les dispositions cantonales contreviennent au droit fondamental à un enseignement de base gratuit (inscrit à l’art. 19 de la Constitution fédérale).

Contrairement aux arguments du Canton, qui qualifiait l’obligation inscrite dans la loi de « sélective », le Tribunal fédéral estime que toute une tranche d’âge se retrouve soumise à l’appréciation de leurs capacités linguistiques en vue de l’orientation vers l’encouragement linguistique précoce. Il s’agit donc bien d’une obligation scolaire imposée à toute une cohorte. Or, la gratuité représente la contrepartie au « droit-obligation » que forme l’instruction publique obligatoire.

Le Tribunal fédéral ajoute que le fait de promouvoir l’égalité des chances avant l’entrée à l’école obligatoire permet de faire l’économie de mesures d’encouragement linguistique pendant la scolarité. Il rappelle que l’article 19 Cst. a également pour objectif la garantie de l’égalité des chances – et qu’il interdit de prélever des frais pour les mesures d’encouragement linguistique dispensées au cours de la scolarité. Ce principe est également valable lorsque l’encouragement linguistique a lieu avant l’entrée à l’école obligatoire.

De même, les transports doivent être pris en charge lorsque le chemin de l’école est trop long ou représente un danger pour l’enfant. Le Canton doit garantir la proximité et l’accessibilité de ces prestations obligatoires dans les arrondissements scolaires. L’article 41c al. 2, qui impartit la responsabilité du trajet aux seuls parents n’est pas non plus conforme à l’art. 19 Cst.

Le recours est admis.

Arrêt 2C_402/2022 du 31 juillet 2023, suggéré pour publication.


[1] Arrêt 2C_402/2022 du 31 juillet 2023, suggéré pour publication.

[2] Gesetz des Kantons Thurgau vom 29. August 2007 über die Volksschule (VG/TG, RB 411.11).